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bonnes résolutions
16 mars 2013

mon coup de coeur, pour le courage de cette femme

Elle parle un français étonnant. Un parler précis, délicat, qui dit avec une grande finesse les choses et les sentiments. Et puis, par endroits, des erreurs de grammaire que ne ferait pas un enfant. Dans son apprentissage de la langue, entamé à son arrivée en France à 18 ans, Latifa ibn Ziaten a voulu aller à l’essentiel. Se concentrer sur le sens. Elle, la jeune fille marocaine de Tétouan venue rejoindre son mari, se souvient qu’elle était alors impatiente de «tout découvrir, tout comprendre».

Ce qu’elle a vécu il y a sept mois n’a aucun sens. Son fils, Imad ibn Ziaten, 30 ans, maréchal des logis chef du régiment parachutiste de Francazal (Haute-Garonne) est mort assassiné. Il est la première victime de Mohamed Merah. Tué parce qu’il était militaire. A la tribune, lors de l’hommage national aux victimes du terrorisme, il y a trois semaines, Latifa ibn Ziaten, 52 ans, face au président de la République, a raconté ce fils «fier de servir sa patrie».

Ensuite, elle a été contactée par des associations de victimes, impressionnées par cette petite femme qui serrait le béret d’Imad entre ses mains et parlait de «paix». Ils lui proposaient de les rejoindre. Elle a dit non. «Je ferais bien sûr des choses avec eux. Mais notre cause n’est pas la même. Eux vont du côté des gens qui pleurent. Moi, je pleure déjà beaucoup moi-même, ça me suffit. Je veux aller en face, de l’autre côté.»

Latifa ibn Ziaten a monté sa propre structure : l’association Imad-ibn-Ziaten pour la jeunesse et pour la paix (1). «L’autre côté», c’est celui de ceux qui, parce que «mal aimés, mal encadrés» risquent de «mal tourner». L’idée lui est venue vite. Ne pas laisser à l’horreur le mot de la fin. «Je voulais quelque chose pour que mon fils reste toujours avec nous. Qu’il ne soit pas oublié. Une association, je verrai Imad grandir dedans.»

Elle a commencé par traverser la France. De sa petite ville de Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime) jusqu’à Toulouse. Invitée par le régiment d’Imad, quelques jours après sa mort. Elle s’est rendue sur les lieux où il a été abattu. «J’ai vu cet endroit triste, loin de tout. Je l’ai vu là, seul face à son tueur. Ensuite, il fallait que je continue.» Elle prend un taxi pour la cité des Izards, où Mohamed Merah a grandi. S’approche d’un groupe de jeunes. «Ils étaient en train de rouler leur pétard, je n’avais jamais vu ça avant. Ils avaient les lèvres bleues, les visages marqués, ça se voyait que ce n’était pas des jeunes faciles. Mais je n’ai pas eu peur. J’ai perdu un enfant, qu’est-ce qui peut m’arriver de pire ?»

Elle leur a demandé s’ils connaissaient Mohamed Merah. Ils lui ont répondu que c’était «un héros de l’islam». Elle leur a dit que c’était l’assassin de son enfant. «Je les ai vus changer d’un coup. Ils sont devenus tout doux. Ils m’ont dit : "On est désolés."» Elle est restée avec eux. Les a écoutés raconter qu’ils n’étaient «rien», qu’ils se sentaient «perdus». «Il y en a un qui m’a pris la main : "Madame, je n’ai pas de formation, pas de travail, je me drogue, je sors et je rentre en prison, à quoi voulez-vous que je croie ?"» Elle est repartie avec deux convictions. «Si on ne les aide pas, il y aura parmi eux un autre Mohamed Merah. Mais si on les écoute, on voit qu’ils sont autre chose. Ils voulaient m’inviter chez eux, me servir à manger.»

C’était il y a sept mois. Latifa était en vacances en Turquie avec son mari Ahmed, cheminot à la retraite. Un appel de France. On venait de retrouver Imad, abattu d’une balle dans la tête, près d’un gymnase. Il n’était pas en service, avait rendez-vous avec un acheteur pour vendre sa moto. «On a pris deux avions, j’avais l’impression qu’on n’arriverait jamais. Toutes les minutes je me levais je demandais à l’hôtesse : "C’est quand ?" Mes enfants avaient besoin de moi, ils étaient perdus.»

 

L’islam, pour elle, c’est «la paix» et «c’est privé». Ni sa fille ni elle ne portaient le voile. «Mon mari n’est pas pour.» Elle s’y est mise à la mort d’Imad. En signe de deuil.

 

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Commentaires
M
J'aime bien le ton de votre discours, il me semble accessible et rationnel.<br /> <br /> <br /> <br /> Amicalement,<br /> <br /> jean-pierre
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bonnes résolutions
  • comment je décide des aujourd'hui le de ne plus acheter de vêtements dans les magasins, de m'habiller sur les brocantes, de lire des livres d'occasions, de transformer et recycler tout ce que je peux,meubles chaises...mes reflexions sur le monde, la nature
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